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Futurs journalistes - Futurs chômeurs ?
21 juin 2010

Quel futur pour nous étudiants en journalisme ?

 

Quel étudiant en journalisme ne craint pas en rigolant de finir sous les ponts ? Il faut se battre pour obtenir un CDD de quelques mois en attendant de se vendre au plus offrant. Chaque nouvelle réduction d'effectifs au Monde ou à Libération nous rapproche de l'embauche à BFM-TV, dont le but assumé est de rendre le journaliste rentable. Ce mot résonne comme une insulte à l'idée que nous, jeunes rêveurs, nous faisons d'une vocation dont la finalité ne saurait être mesurée financièrement. Nos rêves de vérité, de démocratie et de changement social s'évaporent petit à petit, bouillis de réalisme économique. Mais foin de ces idées néfastes, nous pourrons toujours nous recycler comme communicants pour une entreprise ou une collectivité territoriale !

 

Il ne s'agit pas seulement d'argent et de sécurité de l'emploi, mais aussi de statut. Comment légitimer le professionnalisme lorsque des citoyens curieux réalisent des enquêtes, des investigations parfois plus sérieuses que ne le font les pro ? Baladez-vous par exemple sur Agoravox vous trouverez des sujets qui n'ont rien à envier au Canard Enchainé ! Voilà les différents statuts qui s'offrent à nous, futurs journalistes :

  • un mercenaire pour le Dauphiné Libéré ou Ouest France, tout juste capable d'appliquer les « five's w » (who, what, where, when, why) à des sujets consensuels. Nous travaillerons pour des grands groupes médiatiques très concentrés.

  • un décrypteur de l'information. Puisque d'autres sont maintenant capable de produire de l'information et de la diffuser à leurs publics, nous professionnels devrions devenir des analystes impartiaux et généralistes... La seule valeur ajoutée de notre métier serait de comprendre les faits sociaux dans leur globalité, à l'inverse des experts spécialisés, et d'apporter des garanties déontologiques. Pourquoi pas...

  • un journaliste d'opinion pour des publics réduits. Nous serons alors des journalistes engagés, qui génèrent des polémiques politiques, participant au bouillonnement intellectuel de la démocratie. Intéressant.

  • un coordinateur lorsque nous nous ferons « journalistes web ». Il s'agira simplement de créer des interfaces d'inter-médiation entre une offre et une demande d'informations et de s'assurer de la légalité de celles-ci. Nous aurons aussi l'immense honneur de retranscrire le fil rouge AFP à la sauce éditoriale de notre média... Il nous sera tout de même possible de "descendre dans la rue" de temps en temps, mais dans un périmètre restreint (deux pâtés de maisons ?!), contraintes budgétaires obligent !

  • un enquêteur ou un « grand reporteur ». L'investigation et le reportage sont des formes nobles de journalisme, mais qui nécessitent temps et argent : autant dire qu'elles sont en voie de disparition. Nous aurons pourtant occasionnellement la possibilité de mener des enquêtes approfondies.

  • un journaliste entrepreneur. Puisque l'emploi ne vient pas à nous, allons à l'emploi ! Créons notre site d'information spécialisé, notre hebdomadaire local ou notre radio associative. Les crises qui s'annoncent (financière, économique, écologique, sociale...) vont entrainer leur lot de scandales politiques et de drames sociaux qu'ils nous faudra médiatiser. Rue 89, Médiapart ou Bakchich ont été les premiers à se lancer dans cette voie.

 

A nous de choisir, les possibilités de s'en sortir sont réduites mais elles existent !!!

 

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